Une traduction en kinyarwanda

Guhindura mu kinyarwanda igitabo kiri mu gifaransa
A Kinyarwanda translation

Ce projet, muri de longue date au fil de la rédaction de l’ouvrage, a surpris. L’argument presque toujours avancé est que la priorité en termes de diffusion et d’impact de l’ouvrage devait être donnée à une édition en anglais. Peut être, mais la motivation relève d’un autre registre.

Ce livre, plus encore que les précédents, a été écrit grâce aux apports multiformes (documents, informations, contacts, commentaires et relectures, etc.) de très nombreux acteurs et témoins rwandais de tous profils et statuts, de toutes les communes et préfectures, de diverses tendances politiques, militants ou non.

Lors de nos rencontres et échanges, je me suis toujours engagé à rendre compte à mes interlocuteurs de l’usage fait de leur contribution. Au terme de ce très long travail d’investigation et d’écriture, beaucoup parmi eux, notamment au Rwanda, m’ont fait part des difficultés rencontrées pour accéder à cet ouvrage. C’est pourquoi, j’avais depuis longtemps pensé qu’une traduction en kinyarwanda en accès libre constituerait un geste symbolique de remerciement et d’hommage envers ceux qui savent dans leur esprit et souvent dans leur chair ce qu’il en coûte de témoigner, qui tentent de dire le vrai, hier comme aujourd’hui, avec leurs mots et les subtilités de leur langue.

Depuis la parution de l’ouvrage et de ses annexes sur le site qui lui est dédié, les lecteurs ont souvent souligné combien cet ouvrage avait été rédigé au regard des enjeux « rwandais ». Même si la lecture est apparue à beaucoup un peu exigeante, la plupart ont apprécié cette plongée dans des domaines peu analysés et découvert bien des épisodes méconnus de la vie politique rwandaise.

En effet, le long travail réalisé pour fournir en annexe des centaines de documents et des milliers de pages en appui ou en « preuve » aux analyses et arguments développés dans les différents chapitres a connu un succès totalement inattendu avec plus de 70 000 consultations en une année. Cet intérêt pour la partie la plus dense et détaillée de l’ouvrage, celle des « preuves », manifeste sans conteste que la soif d’informations de première main et l’accès à des documents bruts, y compris en kinyarwanda, est bien réelle, malgré les efforts que leur consultation et plus encore leur étude exigent. Cette volonté de savoir et de comprendre est à la hauteur du traumatisme subi et les Rwandais en sont les principaux demandeurs.

Très vite donc la préparation d’une version traduite et en libre accès pour les lecteurs rwandais a été engagée et mise en œuvre par des traducteurs compétents et motivés. Elle est consultable en autant de fichiers que de chapitres de l’ouvrage qui sont alors aisément téléchargeables.

Comme toujours cependant, les traducteurs ont été confrontés à bien des difficultés. Elles étaient particulièrement aiguës pour un ouvrage de cette taille et dont la version française avait fait l’objet de nombreuses et méticuleuses relectures sur des sujets fort sensibles.

Le livre a été traduit en Kinyarwanda sous la direction de Noël Twagiramungu, au sein de l’Institute of Human Security de l’Université de Tufts. Le texte a ensuite été relu et commenté par plusieurs lecteurs extérieurs notamment lors d’un séminaire collectif final. Les équipes chargées de la traduction et de la relecture étaient composées de spécialistes rwandais francophones et anglophones, originaires du Rukiga et du Nduga, hutu et tutsi qui ont croisé leurs compétences et pratiques linguistiques.

Il s’agit notamment de :
Bizirema Augustin
Faida Justin
Gakwaya Théobald
Igiraneza Théodomir
Karege Anicet
Mukankubito Séraphine
Munyakazi Léopold
Musabimana Constantin
Musabyimana Alphonse
Nahimana Thomas
Ndagijimana Balthazar
Nsabimana Pasteur
Ntamwera Denise
Rugumaho Benoit
Rutihunza Théobald
Twagiramungu Noël
Twagiramungu Théophile
Ufiteyezu Joseph
Umugwaneza Vestine

Pour autant, la traduction ci-après ne prétend pas avoir surmonté tous les obstacles. La principale contrainte tenait à l’obligation de fidélité à un texte original souvent dense (avec des termes très précis et des formulations recherchées n’ayant pas d’équivalent en kinyarwanda, fréquemment aussi des phrases longues) et l’objectif de proposer un texte lisible par un large public.

Inévitablement, le recours à des périphrases fait courir le risque de ne rendre que partiellement compte du contenu original. C’est pourquoi l’utilisation d’expressions et vocables peu usités s’est malgré tout imposée pour rester proche du texte original. En cas d’interprétations divergentes, la version française sera toujours la référence.

Les lecteurs seront juges du résultat et sont vivement invités à faire part de leurs remarques et attentes sur l’adresse électronique indiquée sur le site.

D’ores et déjà, Noël Twagiramungu et moi-même tenons à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué, à divers degrés, à la traduction minutieuse et complexe de cet ouvrage du français en kinyarwanda. Nous adressons également nos remerciements aux lecteurs anonymes qui ont bien voulu nous faire part de leurs avis et considérations.

André Guichaoua